Valorisation d'une entreprise
1. Introduction
L’évaluation d’une entreprise consiste à estimer sa valeur de marché, c’est-à-dire combien elle vaut selon différents critères financiers. Cette estimation sert de base aux négociations entre un vendeur (celui qui souhaite céder l’entreprise) et un acheteur (celui qui veut l’acquérir).
Différence entre valeur et prix
Il est essentiel de distinguer :
- Valeur : estimation réalisée par un évaluateur en fonction de critères financiers et économiques.
- Prix : montant final négocié entre les parties, appelé prix de transaction.
➡️ Exemple : Une entreprise peut être estimée à 1 million d’euros, mais si un acheteur est prêt à payer 1,2 million, alors le prix de transaction sera plus élevé que l’évaluation initiale.
2. Les différentes approches de valorisation
2.1 Valorisation par les comparables
L’approche par les multiples de valorisation, aussi appelée approche par les comparables, est une méthode couramment utilisée par les professionnels.
Elle repose sur une condition essentielle :
- L’évaluateur doit avoir accès à des données de prix provenant des marchés financiers, souvent disponibles via des bases de données boursières.
🔹 Principe de l’approche
- Sélection d’un panel d’entreprises similaires (cotées en bourse ou ayant fait l’objet de transactions récentes).
- Calcul des multiples financiers moyens observés sur ces entreprises.
- Application de ces multiples aux résultats financiers de l’entreprise évaluée.
- Obtention d’une valeur estimée pour l’entreprise.
🔹 Multiples les plus couramment utilisés
- PER (Price Earnings Ratio - Ratio cours/bénéfice) : mesure combien d’années de bénéfices sont nécessaires pour rembourser l’investissement.
- EV/EBIT (Enterprise Value / Earnings Before Interest and Taxes - Valeur d’entreprise / Résultat d’exploitation) : permet d’évaluer la rentabilité de l’entreprise avant prise en compte des intérêts et impôts.
- EV/EBITDA (Enterprise Value / Earnings Before Interest, Taxes, Depreciation and Amortization - Valeur d’entreprise / Résultat brut d’exploitation) : similaire au précédent, mais exclut l’impact des amortissements et provisions pour une meilleure comparaison entre entreprises.
🔹 Adaptation aux PME non cotées
L’application de cette méthode aux PME non cotées nécessite des ajustements car ces entreprises présentent plus de risques :
- Gouvernance centralisée : décisions souvent prises par une seule personne.
- Clientèle moins diversifiée : dépendance à quelques clients majeurs.
- Couverture géographique limitée : marché restreint, pas d’expansion internationale.
Ces risques nécessitent une décote sur la valorisation pour refléter le niveau d’incertitude.
2.2 Valorisation par les flux de trésorerie actualisés (DCF - Discounted Cash Flow)
Cette méthode repose sur l’analyse des flux de trésorerie futurs générés par l’entreprise et leur actualisation, c’est-à-dire leur conversion en valeur actuelle en tenant compte du temps et du risque.
🔹 Principe de l’actualisation
- L’entreprise est vue comme un portefeuille d’actifs générant des revenus futurs.
- Ces flux doivent être actualisés pour refléter leur valeur réelle aujourd’hui.
- Un taux d’actualisation est appliqué, en fonction du niveau de risque de l’entreprise.
🔹 Détermination des flux de trésorerie disponibles
L’analyse repose sur le cash-flow disponible pour l’entreprise (CFDE - Free Cash Flow to the Firm, FCFF), qui correspond à :
- EBITDA (Résultat brut d’exploitation), ajusté des variations du BFR (Besoin en Fonds de Roulement).
- Déduction des investissements productifs, c’est-à-dire les dépenses nécessaires pour maintenir l’activité (machines, bâtiments, brevets, etc.).
🔹 Modèle de valorisation en deux étapes
- Période explicite : Prédiction des flux de trésorerie sur une période de 5 ans.
- Valeur terminale : Estimation de la valeur après cette période en supposant une croissance continue des revenus.
➡️ Cette méthode est plus précise que l’approche par les comparables, mais elle repose sur des hypothèses qui peuvent varier selon les prévisions du marché.
3. Définitions clés pour comprendre la valorisation
📌 Valeur de marché : estimation du prix d’une entreprise selon différentes méthodes financières.
📌 Prix de transaction : prix final négocié entre le vendeur et l’acheteur.
📌 Cash-flow (flux de trésorerie) : argent généré ou dépensé par une entreprise au fil du temps.
📌 EBITDA (Earnings Before Interest, Taxes, Depreciation and Amortization - Résultat brut d’exploitation) : indicateur de performance montrant le résultat de l’entreprise avant prise en compte des impôts, intérêts et amortissements.
📌 PER (Price Earnings Ratio - Ratio cours/bénéfice) : nombre d’années de bénéfices nécessaires pour égaler la valeur de l’entreprise.
📌 EV (Enterprise Value - Valeur d’entreprise) : somme de la valeur des capitaux propres et des dettes financières nettes.
📌 Actualisation : technique permettant de comparer la valeur d’un revenu futur avec sa valeur actuelle.
📌 BFR (Besoin en fonds de roulement) : indicateur financier mesurant le besoin en trésorerie pour couvrir les décalages entre dépenses et encaissements.
4. Conclusion
Les différentes méthodes de valorisation sont complémentaires :
- Méthode des comparables : rapide et efficace, mais dépendante des données du marché.
- Méthode DCF : plus précise et adaptée aux entreprises ayant une forte visibilité financière, mais basée sur des prévisions incertaines.
L’évaluation d’une entreprise repose sur une analyse approfondie des performances passées et futures, ainsi que sur le niveau de risque perçu par les investisseurs.
💡 En pratique, les évaluateurs combinent souvent plusieurs méthodes pour obtenir une valorisation fiable et représentative du marché !