Introduction : La solidarité comme praxis sociogène
La solidarité est une notion complexe qui mêle dépendance mutuelle et responsabilité morale entre les individus. Elle dépasse les simples relations personnelles pour inclure une dimension politique et sociale. Ce concept repose sur l’interdépendance des êtres humains, un élément central de toute organisation sociale.
Définition : La solidarité est une relation de dépendance mutuelle entre individus, accompagnée d’une responsabilité morale réciproque, et pouvant se concrétiser comme un lien social minimal ou un effort moral pour autrui.
Bien que le terme apparaisse dans la langue française au XIXᵉ siècle, ses origines remontent à l’Antiquité. Par exemple, l’expression latine in solidum évoque la cohésion d’un ensemble : on parle d’une totalité où chaque partie est interdépendante. Aristote, dans Les Politiques, souligne que l’homme est par nature un être politique et que l’isolement social est une anomalie. Selon lui, l’homme qui vit sans lien social est soit une bête, soit un dieu.
Exemple contemporain : Les mouvements solidaires lors de catastrophes naturelles
Lors des tremblements de terre en Turquie (1999) ou à Haïti (2010), les élans de solidarité internationale se sont manifestés à travers des dons, des missions de secours et la mobilisation des ONG, illustrant l’importance de la solidarité comme réponse collective à des crises humaines.
1. Origines antiques de la solidarité
Les racines philosophiques de la solidarité se trouvent dans la pensée grecque antique, notamment à travers le concept de philia.
Définition : La philia est un principe d’amitié et de coopération, fondement du lien social et cosmique dans la philosophie grecque.
Philia cosmique chez Empédocle
Empédocle décrit l’univers comme régi par deux forces fondamentales :
- La philia (amour ou union), qui rassemble les éléments pour former des ensembles cohérents.
- Le neikos (discorde), qui les sépare et provoque leur désintégration.
Ces forces sont éternelles et alternent dans leur domination. Par exemple, dans un organisme vivant, les organes sont solidaires les uns des autres, et leur coopération est essentielle à la vie.
La solidarité dans le stoïcisme
Les stoïciens, tels que Cicéron et Épictète, élaborent une vision morale et cosmique de la solidarité :
- Cicéron, dans Le Traité des devoirs, compare la société à un corps humain. Chaque organe doit contribuer au bien-être général, sinon le corps entier souffre.
- Épictète, dans Les Entretiens, affirme que chaque individu est un membre d’un tout plus vaste. Tout comme un pied n’existe que grâce au corps auquel il appartient, l’homme ne peut s’isoler de la société sans perdre son humanité.
Exemple : Les stoïciens et le cosmopolitisme
Marc Aurèle, empereur stoïcien, soutient que l’homme appartient à une "cité universelle" qui regroupe tous les êtres humains. Cette vision cosmopolitique se concrétise dans des actions de solidarité au-delà des frontières, comme l’aide apportée par Rome à des cités frappées par des famines ou des épidémies.